30/05/2014

Natation synchronisée aux portes de l'enfer (Part. I)



Tout d'abord j'ai questionné Tata B. (17 ans de Sapporo) sur l'affaire de la piscine au Japon.
J'avais en tête cette photo que l'on voit dans les manuels de géographie du lycée. Mais si, souvenez-vous ! Une piscine publique immense et colorée avec quinze asiatiques au mètre carré dans leurs maillots de bain multicolores.

Un peu dans ce genre-là, mais avec plus d'eau...
Dès lors j'ai toujours considéré ce lieu comme un gigantesque bouillon de culture où la perspective de faire deux brasses est aussi évidente qu'un tour de tandem sur le périph' à 18h. Pour insister un peu, je plaçais la piscine N°1 (devant la barre de métro) dans le top dix japonais des nids à cystites, gastro-entérites, encéphalites, gingivites (ça c'était pour la rime) et surtout mycoses.
Mais je m'égare.

J'interroge donc maintes fois ma collègue, l'air de rien :
« -Bah qu'est-ce que tu veux que je te dise ? C'est une piscine municipale, quoi ! »
Je ne sais pas pour vous. Mais pour moi qui n'ai fréquenté que les piscines de Paris (et ses abords), j'avais en comparaison directe la piscine du 15ème arrondissement avec son vieux carrelage orange et ses sèche-cheveux cassés.                                                   
J'insiste alors un peu :
« -Mais..euh... le bonnet de bain est obligatoire ? Et il faut des tongs en caoutchouc, aussi ?
-Le bonnet, oui bien sûr. Et les claquettes, c'est comme tu veux.
- Et il faut nager sans traîner et en gardant sa droite ?
-Ah ça oui. (Et là, je sens Tata s'emballer) Parce que si tu veux juste faire ta sirène avec une planche sous le menton, tu auras vite fait de te faire pousser des talons ! Souvent, enfin que dis-je, TOUJOURS il y a des mamies qui brassent à deux à l'heure et de front. Elles, tu as beau les éclabousser, leurs hurler des “失礼しまああああす”(Shitsurei shimasu*), elles ne te feront même pas le plaisir d'un coup d’œil courroucé. Elles t'ignoreront tout simplement. »
Ok, merci, ce sera tout pour aujourd'hui, je crois. Je récidiverai dans deux jours.

"-C'est un bar?" Non papy, c'est un sanctuaire. Ces gens prient...

La curiosité ayant pris le pas sur la patience, je décide de mettre mes heures de recherche de mémoire à profit et me rue sur Google pour en savoir plus. Combien y-a-t-il de piscines à Sapporo ? De quel genre ? Combien coûte l'entrée ? Etc.

Une fois tous les petits idéogrammes techniques décryptés, l'image de ce bassin de javel surpeuplé me semble être en réalité un joli mensonge. Encore un cliché bien exporté...
Après avoir épuisé toutes les excuses pour échapper au stress de la première fois (un peu comme avec le vélib parisien), je me retrouve au pied du mur et me rends à l'évidence que, oui il est temps de se jeter à l'eau (aha!) et d'aller voir cette fichue piscine.

Cinq minutes en vélo de chez moi + ouverte jusqu'à 23h= c'est parfait, ça !

Sur la route de Hakodate (Rien à voir avec le sujet...)

*Pardon, excusez-moi!